Le jardinier de l’interdit

Tribunal. 145 pieds de cannabis

Daniel est un grand gaillard, plutôt élégant, genre cadre supérieur un peu strict. En fait, c’est plutôt dans la catégorie jardinier supérieur qu’il faudrait le ranger. Depuis trois ans, Daniel cultive, dans le jardin de sa maison, du cannabis. À la vue de tout le monde et sans se gêner outre mesure : en tout, les gendarmes vont découvrir quelque 145 pieds, vigoureux à souhait. « La drogue, c’est une vraie maladie ! lance-t-il au tribunal. Pour m’éviter les mauvaises rencontres et pour que ça me coûte moins cher, je préfère produire moi-même. J’ai arrêté la cocaïne, mais je ne peux pas me passer du H. » Les graines, ainsi que les kits de production (engrais, lampes, extracteurs, etc.) ont été achetés en Espagne, juste derrière la frontière. Daniel, il y a peu, a rapatrié un peu de sa production, très prometteuse, à l’intérieur : quelques loustics, par le shit alléchés, lui avaient volé une partie de son fromage de drogue.

Artiste jardinier

Avec les fleurs, Daniel explique avoir produit plus de 400 g de shit en un premier temps et prévoyait une production totale de 1,2 kg. Mais les gendarmes ont piétiné le jardin avec leurs gros sabots et détruit la culture : « Vous êtes un véritable artiste jardinier ! ironise la présidente. Mais à présent, adieu les fleurs dans le jardin ! » Pour le procureur François Jardin : « Cette culture n’a rien de poétique et a des conséquences graves sur la santé du prévenu. Sa consommation de drogue finit par fausser son raisonnement : il dit avoir augmenté ses doses de méthadone parce qu’on l’a privé de son shit ! Même s’il s’agit d’une consommation personnelle, c’est interdit par la loi. Je demande 4 à 5 mois de prison avec sursis et une obligation sérieuse de soins. »

« Mais je me soigne ! », s’emporte Daniel. Peut-être, mais manifestement pas assez. La présidente va lui proposer un TIG (Travail d’intérêt général) : « Pourquoi faire, un TIG ? Vous feriez mieux de me trouver un vrai travail ! », exige le prévenu avec un certain aplomb. Daniel sera condamné à 4 mois de prison avec sursis, mise à l’épreuve pendant 18 mois, obligation de se soigner et de trouver un travail. « Mais vous m’assassinez ! », dira-t-il à la présidente Élisabeth Gadoulet. « Non monsieur, on vous aide, même si vous ne vous en rendez pas compte. »

Tags: actualité, culture indoor, saisie

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