Note personnelle : cet article est faux quand il parle du commerce des feuilles, il veut parler du commerce des fleurs…

http://www.liberation.fr/societe/01012343975-cannabis-circus

SOCIÉTÉ 18/06/2011

FABRIZIO MACCAGLIA

Atlas des mafias de Fabrizio Maccaglia et Marie-Anne Matard-Bonucci

Cartographie : Alexandre Nicolas éd. Autrement, 80 pp., 17 : (cliquer pour agrandir)

Le cannabis alimente le plus important trafic de stupéfiants au monde. Cultivé  dans la quasi-totalité des pays, il est commercialisé sous deux formes, la résine et les feuilles, qui donnent lieu à des trafics distincts : les feuilles sont consommées localement ou expédiées vers les pays proches, alors que la résine s’exporte au loin. La production est difficile à estimer, car elle n’est pas concentrée géographiquement comme le pavot à opium ou le cocaïer : cette dispersion géographique empêche un système de surveillance fiable.

La production mondiale de feuilles de cannabis a été estimée par les Nations unies à 42 000 tonnes en 2005. En comparaison, la production mondiale d’héroïne atteint à la même date 472 tonnes et celle de cocaïne 980 tonnes.

Depuis le début des années 1990, la production a augmenté avant de se stabiliser dans la seconde moitié des années 2000. Les Amériques constituent le principal lieu de production des feuilles de cannabis (46%), avant le continent africain (26%) et les pays d’Asie et d’Europe. Le Mexique et les Etats-Unis seraient les deux principaux producteurs mondiaux. L’essentiel de cette production alimente le marché intérieur et l’exportation vers les pays voisins.

La résine de cannabis, elle, est estimée à près de 6 600 tonnes et se concentre en Afrique du Nord (Maroc) et en Asie du Sud-Ouest (Afghanistan et Pakistan).

Selon l’ONU, le Maroc assurerait à lui seul le tiers de la production mondiale de résine de cannabis, exporté, pour l’essentiel vers l’Europe occidentale. Cultivé depuis le XVIe siècle dans la région du Rif, le cannabis est diffusé, depuis les années 1980 dans le reste du pays.

Plusieurs facteurs ont favorisé le développement spectaculaire de cette culture au Maroc : une crise économique prolongée ; une modernisation insuffisante de l’agriculture ; l’augmentation de la demande européenne au cours des années 1960 et surtout 1970. Pendant longtemps le Maroc a fermé les yeux : la culture du cannabis lui permettait de pallier son incapacité ou son manque de volonté politique à gérer le développement économique du Rif. L’Espagne, proche du Maroc, est également devenue un territoire de transit pour la résine à destination de l’Europe occidentale. Si le Maroc reste le plus gros producteur mondial de résine, sa part diminue depuis 2005. Cette inflexion va de pair avec un accroissement de la production asiatique. L’Afghanistan, plus grand producteur d’opium, est aussi devenu, au cours des dernières années, un important producteur de cannabis : entre 10 000 et 24 000 hectares seraient chaque année mis en culture. Les champs se concentrent au sud du pays, dans les régions les plus instables où l’insurrection talibane est bien enracinée. Comme pour l’opium, la culture, la production et le commerce du cannabis sont taxés par les groupes qui contrôlent le territoire local. Le trafic emprunte les mêmes routes.

Comme le constatait la Global Commission on Drug Policy (Libération du 3 juin),  les politiques répressives n’ont pas réussi à mettre fin aux trafics, preuve qu’elles ne constituent pas un instrument efficace lorsqu’elles ne sont pas couplées avec des politiques qui ciblent d’autres objectifs : reconversion des agricultures, création d’infrastructures scolaires et sanitaires.

Les opérations de lutte antidrogue provoquent le déplacement des zones de production et de trafic, sans parvenir à les démanteler. Les programmes de développement ont peu de prises car les politiques répressives polarisent l’essentiel des financements. Le problème des drogues est ainsi devenu un problème de police et secondairement un problème de santé publique.

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