Le principal suspect se défausse à l’audience

«Tout retombe sur moi alors que je ne faisais qu’entreposer le shit chez moi pour eux. » Francisco A, considéré comme la tête du vaste réseau de trafic de stupéfiants démantelé en mars 2009 (lire « Sud Ouest » d’hier), a radicalement changé de version, hier, devant le tribunal correctionnel de Périgueux.

Vingt personnes sur les vingt-quatre prévenus étaient présentes à l’audience. Les principaux revendeurs dans le département étaient établis à Verteillac, Mareuil-sur-Belle, Champagnac-de-Belair, Saint-Paul-Lizonne et Saint-Julien-de-Bourdeilles. Parti de Combiers en Charente, le trafic s’est étendu jusqu’au Pays basque et à l’Aveyron.

Entre 2006 et 2009, Francisco A, un habitant de Rougnac en Charente âgé de 38 ans, est soupçonné d’avoir écoulé pas moins de 300 kilos de résine de cannabis et 280 grammes de cocaïne à l’aide d’un véritable « réseau commercial ». Hier, contrairement à ce qu’il a soutenu pendant l’instruction, il a expliqué que Bruno B, Pascal M et Damien C, jusque là supposés être ses principaux revendeurs, « stockaient la marchandise chez lui en le dédommageant avec de la drogue », en l’espèce 5 grammes de cocaïne et 100 grammes de cannabis.

« Invraisemblable »

« Un revirement totalement invraisemblable », pour Sébastien Ellul, le substitut du procureur qui rappelle que 9 kilos d’herbe, 4 kilos de résine et 85 grammes de cocaïne, ainsi que quatre armes ont été retrouvés au domicile de ce « grossiste ».

« Ce sont des armes de collection », tente de justifier Francisco A, qui était le seul détenu parmi les vingt-quatre prévenus. Les témoignages des autres et même ses premières déclarations vont d’ailleurs totalement à l’encontre de cette nouvelle version. Ils étaient au moins quatre hier à pouvoir affirmer que le trafic partait de Rougnac. « Je lui devais encore 55 000 euros », affirme même Bruno B, que l’on considère comme le « directeur commercial » de cette entreprise pas comme les autres.

Trois ans ferme requis

Sébastien Ellul estime que Francisco A ne « veut pas passer pour une balance en protégeant ses fournisseurs ».

D’autant que pendant des mois, Francisco A a désigné un de ses amis comme son pourvoyeur. « Il n’a rien fait, j’ai dit ce que voulaient entendre les enquêteurs qui me prenaient la tête avec les écoutes téléphoniques », a-t-il lancé. Présent hier à l’audience, cet « ami » a nié cette hypothèse d’ailleurs invalidée par les enquêteurs.

Dans son réquisitoire, Sébastien Ellul a affirmé qu’il fallait « écouter ceux qui ont le plus parlé depuis le début de l’affaire ». Il a requis cinq ans de prison, dont deux avec sursis, avec mandat de dépôt. Après la suite de l’audience ce matin, le jugement est attendu aujourd’hui en début d’après-midi.

Il fumait « pour se soulager »
Deux hommes, dont un seul était présent à l’audience, étaient convoqués sans rien avoir à faire dans ce dossier précis. Damien C, un des dealers présumés, avait désigné Dominique D, un habitant de Verteillac comme un autre revendeur. Une perquisition a donc eu lieu au domicile du Verteillacois, où les gendarmes ont trouvé sept pieds de cannabis et 2,5 kilos d’herbe. La drogue était consommée avec un voisin, Charles E, qui a expliqué hier qu’il fumait « pour se soulager de ses douleurs causées par une maladie congénitale », mais elle n’était pas revendue. Rappelant que l’usage « même thérapeutique » de substances illicites est prohibé, le procureur a requis trois d’emprisonnement avec sursis à l’encontre des deux hommes.

Sud Ouest, le 8 jan 2010

Source : http://www.sudouest.com/dordogne/actualite/article/828842/mil/5565824.html

Tags: actualité, condamnation, culture indoor, drogues, prison, résine, saisie

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