Cet article date de 2000. Je n’ai pas retrouvé la source exacte… Voici de quoi clouer le bec aux négationnistes qui crachent que si le cannabis prévenait le cancer ça se saurait depuis longtemps, qui ironiquement affirment que la recherche attendait des gens comme nous pour leur dire ces choses… Aux (pas fausses) sceptiques, renseignez-vous donc avant de tout rejeter en bloc comme à votre habitude, pour une fois, ça vous changera un peu! Je vous dit ça en toute gentillesse, comme à mon habitude ;)

Depuis quelques années, les cannabinoïdes intéressent beaucoup la médecine. Longtemps ignorées, ces substances sont revenues sur le devant de la scène après la découverte de leurs effets bénéfiques sur la douleur. Récemment, des scientifiques ont même mis en évidence leur aptitude à inhiber la croissance des cellules in vitro. De là à penser qu’elles pourraient se révéler anticancéreuses, il n’y a qu’un pas que des chercheurs espagnols de l’université Complutence et de l’université autonome de Madrid n’ont pas hésité à franchir. Selon leurs derniers travaux, publiés dans Nature Medicine, les cannabinoïdes et leurs analogues seraient capables d’arrêter la progression des gliomes, des tumeurs du cerveau particulièrement malignes.

Ces tumeurs sont rares mais très dangereuses. Aujourd’hui, la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie ne sont que des soins palliatifs. Elles ne font qu’allonger la durée de vie du patient de quarante à cinquante semaines. C’est pourquoi ces recherches sur les cannabinoïdes apparaissent déterminantes. Un gliome peut être modélisé en injectant dans le cerveau de rongeurs des cellules gliomales, par exemple des cellules C6. La tumeur résultante grandit rapidement et cause la mort de l’animal dans les deux à trois semaines après l’inoculation.

Afin de tester l’efficacité des cannabinoïdes contre ce cancer, Ismael Galve-Roperh et ses collègues ont injecté du tétrahydrocannabinol (THC), le principe actif du cannabis, et un de ses analogues synthétiques directement dans la tumeur à l’aide d’une canule reliée à une pompe osmotique. Un tiers des rats traités ont alors subit une rémission et un autre tiers a vu sa durée de vie prolongée de plus de six semaines. De plus, les expériences d’innocuité des deux molécules se sont révélées concluantes. Elles ne s’attaquent qu’aux cellules transformées et n’entraînent pas d’effets délétères. “Ces substances sont actuellement à l’étude comme agents thérapeutiques contre des maladies neurodégénératives, comme la maladie de Parkinson, indiquent les auteurs. Nos travaux démontrent qu’il faut aussi explorer la voie antiproliférative.” Serait-ce le grand retour du cannabis en médecine ?

Rapporté d’Inde par le Dr W. B. O’Shaugnessy au milieu du 19e siècle, cette plante a très vite gagné ses galons d’analgésique auprès de la communauté médicale britannique puis européenne. On l’utilisait également comme anticonvulsif, antispasmodique et antiémétique. Cependant, la mise au point de nouveaux médicaments plus ciblés et plus efficaces et, bien sûr, sa classification en tant que narcotique l’ont fait tomber dans l’oubli au début du 20e siècle.

Ce n’est qu’en 1964, lorsque le THC a été isolé, que le cannabis et plus généralement les cannabinoïdes ont réveillé l’intérêt des scientifiques. A partir de cette date, les recherches se sont multipliées et d’autres découvertes importantes ont été réalisées. En particulier, les spécialistes ont eu la surprise de trouver deux récepteurs des cannabinoïdes en très grand nombre dans l’organisme humain : CB1, situé dans le système nerveux central, et CB2, exprimé dans les cellules du système immunitaire.

Dans le cas de l’action du THC, il semble que ces deux récepteurs soient indispensables. En effet, les chercheurs espagnols ont observé que les antagonistes de CB1 ou CB2 sont capables d’empêcher la mort des cellules par apoptose induite par les cannabinoïdes ; le mécanisme soupçonné d’être à l’origine de leur efficacité contre les tumeurs. Plus précisément, il semble que le THC et son analogue provoquent une augmentation des concentrations intracellulaires en céramide, un messager secondaire lipidique, dont l’implication dans l’apoptose a déjà été mise en évidence. Sélectifs et dénués d’effets secondaires, les cannabinoïdes pourraient donc bien faire partie de l’arsenal anticancéreux de demain.

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Tags: cancer, cannabinoïdes, prévention, santé

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