LE MONDE | 17.09.2012
Par Benoit Pavan (Grenoble, correspondant)

A Chamagnieu, paisible bourgade située à vingt kilomètres au nord de Bourgoin-Jallieu (Isère), les questions se bousculent autour de la gigantesque plantation de cannabis découverte mercredi 12 septembre chez un retraité par les gendarmes d’une brigade locale.
C’est au cours d’une banale ronde de surveillance, dans le vaste jardin d’un sexagénaire habitant une maison isolée des environs verdoyants de cette petite commune, qu’une patrouille a mis au jour une parcelle “minutieusement organisée” de 5 000 m2 où poussaient quelque 502 plants à l’abri des regards.

“PLUSIEURS MILLIERS D’EUROS”

Selon la compagnie de gendarmerie de Bourgoin-Jallieu, il s’agit de la plus importante saisie de cannabis jamais réalisée dans la région. Au total, les gendarmes ont procédé à la fauche de près de deux tonnes de pieds de chanvre “suffisamment mûrs pour la récolte”. Sa valeur est estimée à “plusieurs milliers d’euros”.
Le locataire de cette villa reculée, un ancien commerçant ambulant qui y vivait seul depuis deux ans, a été immédiatement interpellé et placé en garde à vue. Vendredi 14 septembre, il a été mis en examen pour “trafic de stupéfiants” et placé en détention provisoire. A cette étape des investigations, il risque dix ans de prison.
Devant le juge d’instruction, ce “papy très calme, solitaire, et à la santé fragile” a d’abord varié les explications avant de reconnaître son implication, depuis 2009, dans l’organisation d’un trafic dont l’ampleur reste encore à déterminer. Auparavant, lors de sa garde à vue, il avait affirmé n’être qu’un maillon de la chaîne et percevoir un “loyer” mensuel de 2 000 euros pour garder la récolte, avant de se rétracter.
“Il ne fait désormais plus aucun doute que l’homme n’était pas qu’une simple “nourrice”. Le trafic paraît important : il semblerait qu’il existe des complices”, a précisé le parquet de Bourgoin-Jallieu, qui a ouvert une information judiciaire.

FORÊT DE 3 MÈTRES DE HAUT

Lorsqu’ils frappent au domicile de Cerop D., 60 ans, mercredi 12 septembre, les gendarmes sont loin d’imaginer ce qu’ils sont sur le point de découvrir. Aux portes de la propriété, ils sont d’abord intrigués par la silhouette, étrangement semblable à celle du chanvre, des feuilles d’une haie qui dépasse de la clôture. “Une forte odeur de cannabis imprégnait l’air sur une centaine de mètres à la ronde”, précise Jean-François Fèvre, commandant de la compagnie de Bourgoin-Jallieu.
En pénétrant au domicile de l’homme, les patrouilleurs découvrent l’envers du décor : dans le jardin, gardé par un rottweiler, se dresse une “forêt de cannabis” de 100 mètres de long et 40 mètres de large, alimentée en eau par un important système d’arrosage.
Les plants, disposés à 50 cm les uns des autres, quadrillent minutieusement la parcelle de culture. Certains mesurent même jusqu’à trois mètres de hauteur. Sur des étagères, les gendarmes découvrent de l’engrais et des séchoirs, bricolés à l’aide de paillasses et d’extracteurs d’humidité.
Lors de la perquisition effectuée le jour même, les enquêteurs mettent également la main sur huit sachets conditionnés de 250 g, 700 g de résine de cannabis, et “quelques milliers d’euros” en coupures. Au pied de son lit, ils trouvent un fusil à pompe chargé de six cartouches. Deux carabines et un pistolet sont également saisis. Selon la compagnie de gendarmerie de Bourgoin-Jallieu, la récolte devait avoir lieu dans les prochains jours. Elle est finalement partie en fumée, celle d’un incinérateur local.
Benoit Pavan (Grenoble, correspondant)

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